15 Mai 2020

[Covid-19] Pas de confinement pour les télécommunications spatiales

Surveillance de l’espace, secours aux personnes en détresse, communication avec les satellites… ces missions stratégiques ont été maintenues avec la même exigence de qualité et de disponibilité durant la période de confinement.
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Station Aussaguel du réseau MUM Crédits : Pascal Geloto

Pendant le confinement, les satellites ont continué de tourner jour et nuit autour de la Terre, assurant leurs missions essentielles. Au CNES Toulouse, les équipes de la sous-direction Télécom, stations et alertes se sont mobilisées pour permettre la continuité des missions critiques dans les meilleures conditions tout en respectant strictement les règles de sécurité sanitaire. Il a fallu pour cela adapter les organisations, notamment par un recours accru au télétravail, et mettre en place des mesures d’hygiène et de protection pour les salariés du CNES dont les missions ne pouvaient être réalisées à distance.

Connecter, collecter, distribuer

 

Le plan de continuité d’activité opérationnel dès le 17 mars a concerné l’ensemble des missions critiques de la sous-direction, à commencer par les activités dites de routine du Réseau Multimission (MUM). Le réseau MUM est constitué de stations sols qui permettent la communication entre les satellites et les centres de contrôle assurant les maintien à postes (principalement au CNES). Il offre aussi des services de collecte et de distribution de données charge utile à destination des centres de mission consommateurs de ces données (au CNES chez des partenaires, comme EyeSat, Saral, CFOSAT ou Megha-Tropiques).

« Au cœur de tout système spatial, un tel réseau a pour rôle de connecter, de collecter et de distribuer les données.

Il est primordial que ces activités se poursuivent en période de crise, en particulier pour les missions de défense, mais aussi pour l’ensemble des missions

Luc Moliner, spécialiste de l’équipe d’exploitation de Réseau MUM

Le centre opérationnel du réseau (COR) veille à ce que toutes les composantes du réseau restent opérationnelles et des contrôleurs se relaient en permanence pour superviser le déroulement des activités de routine, détecter tout incident et intervenir en cas de besoin.

 


Quel bilan ?

« Il est encore un peu tôt pour faire un bilan, mais le taux de réussite des opérations menées par les équipes du MUM n’a pas été dégradé pendant le confinement.»

Gérard Andral, responsable technique du COR

Un espace sous surveillance

Autre composante du Réseau Multimissions, le Centre d’Orbitographie Opérationnelle (COO) a lui aussi maintenu ses différentes activités. C’est ce service qui oriente les antennes de télécommunication vers les satellites pour communiquer avec eux, et qui fournit des informations sur l’activité solaire et les éclipses de lune. Dans le cadre du programme européen de surveillance de l’espace, il a également en charge la surveillance des risques de collision en orbite avec des débris spatiaux. A ce titre, il veille sur une centaine de satellites, dont 13 opérés par le CNES et 3 par le ministère des Armées, ainsi que la constellation Galileo ou encore les satellites des opérateurs Eutelsat et Inmarsat. En cas de risque identifié, le COO le gère avec l’opérateur du satellite.

 Le nombre d’alertes n’a pas diminué pendant le confinement : deux manœuvres d’évitement ont été nécessaires en moins de trois semaines. 

Florian Delmas, spécialiste mécanique spatiale opérationnelle

Les risques liés aux rentrées atmosphériques d’objets spatiaux n'ont pas diminué non plus. L’équipe du COO a ainsi surveillé plusieurs rentrées atmosphériques de corps de lanceur, dont un objet chinois  d’une masse estimée à 17 tonnes.

Vigilance inchangée pour les systèmes de sauvetage

Enfin, si les activités de recherche et de sauvetage ont ralenti du fait de la diminution du trafic maritime et aérien, les équipes du FMCC, centre opérationnel du Programme international de radiobalises de détresse Cospas-Sarsat, et du centre de mission SAR Galileo sont restées mobilisées pour traiter les alertes. Ces services ont continué de fonctionner 24h/24 avec les équipes du CNES, de la Direction des affaires maritimes et de la Direction générale de l’aviation civile et des entreprises partenaires, CLS qui gère les opérations quotidiennes du FMCC, et Telespazio France et Atos/Scassi pour SAR Galileo. Malgré des conditions rendues plus difficiles par la limitation des contacts humains, les opérateurs et les équipes techniques qui garantissent le maintien en condition opérationnelle et de sécurité ont pleinement assumé leur engagement quotidien au service de la recherche et du sauvetage.


Une réussite qui s’explique

« Les maîtres mots ont été solidarité, engagement et adaptation, explique Pascal Geloto, en charge de la coordination transverse. Et de fait, il y a eu une belle synergie entre les équipes métiers et supports du CNES, les partenaires et les sous-traitants. » En effet, si les moyens techniques utiles à la réalisation des missions critiques sont centralisés au CNES Toulouse, nombreux sont les senseurs  localisés partout dans le monde. « Ce positionnement géographique nous rend dépendants des mesures sanitaires prises par ces pays, poursuit Pascal Geloto. Nous maintenons un lien fort avec nos partenaires sur place pour être au fait des mesures prises et ainsi adapter notre organisation. »